Marguerite Burnat-Provins, Mon portrait par moi-même, Sans date, (vers 1904), fusain sur papier de couleur brun, 37,2 x 54,7 cm, courtesy Musée d’art du Valais, Sion

Marguerite Burnat-Provins (1872-1952) est née en France. Elle est active en Suisse romande à partir de 1896 et, depuis 1898, en Valais. Artiste plurielle pratiquant l’écriture, la peinture, la gravure et les arts appliqués, son travail reste largement méconnu dans le contexte d’une histoire de l’art qui a rajouté les femmes à son discours, sans nécessairement questionner les manières et les méthodes qui déterminent leur exclusion des représentations officielles. En ce sens, l’expérience singulière de Marguerite Burnat-Provins se présente comme un cas d’école pour réfléchir aux mécanismes qui produisent l’invisibilité des créatrices dans les discours historiques dominants.

 

 

Repères biographiques

 

1872 | Naissance à Arras (France).

 

1891–1896 | Académie Julian, Paris.

 

1896 | Mariage avec Adolphe Burnat, architecte, et installation à Vevey.

 

1898 | Découverte du village de Savièse par l’intermédiaire de Ernest Biéler.

Séjours réguliers de 1901 à 1907.

 

1900 | Marguerite expose à l’Exposition universelle de Paris.

 

1901–1902 | Conférences « Le féminisme » et « L’art et les artistes » à Vevey. « La seconde (conférence) portait sur le Féminisme – non pas que je suis féministe, bien au contraire, mais je trouvais intéressant d’expliquer un mot auquel on prête tant de versions différentes et contre lequel on n’a pas mal de préventions, faute peut-être de l’avoir bien compris. » (Lettre à Jules Cougnard, 1902).


17 mars 1905 | Publication d’un appel à la constitution d’une Ligue pour la Beauté, mouvement de défense du patrimoine et de la nature, ancêtre du futur Heimatschutz, courant idéologique reposant sur l'idéalisation de la vie rurale et de l'agriculture traditionnelle. Le mouvement dénonce l'utilitarisme dominant et la banalisation du paysage. Il promeut la simplicité, la pureté et l'authenticité. Aujourd’hui Patrimoine Suisse.


1906 | À Savièse, rencontre avec Paul de Kalbermatten qui deviendra son second époux en 1910.


1907 | Bannissement du village de Savièse, publication du Livre pour toi, 100 poèmes d’amour à Paul. Elle est célèbre le temps de quelques mois, comme celle qui a osé dédier une parole libre et franche au corps de l’amant. Nombreuses rééditions.

 

1908 | Divorce d’avec Burnat « Ce n’est pas pour moi que vous eussiez écrit Le Livre pour toi » fut sa dernière parole à sa femme.

 

1908 | Réflexions autour de la discrimination engendrée par le statut d’être femme et suissesse.


1910–1912 | Séjour en Egypte. Premières esquisses destinées à illustrer Le Livre pour toi.

Réalisation de la plupart des dessins (plans et croquis) pour les planches du Livre pour toi à l’attention d’un bibliophile parisien. Les aquarelles du Livre pour toi seront chez l’éditeur Jules Meynial lequel cherche des fonds.

 

1914 | La décoration du Livre pour toi est ramenée à « 40 illustrations pleines et 10 traits », vu l’impossibilité de trouver la somme nécessaire à la publication.

 

1914 | Début de ses hallucinations qui vont lui valoir une assimilation partielle à l’art brut.

 

1921 | Achat avec Paul d’une propriété, le Clos des Pins, à Saint-Jacques-de-Grasse (France) où ils s’établissent.

 

1952 | Décès à Grasse.

 

1980 | Exposition monographique sur Marguerite Burnat-Provins au Manoir de la Ville de Martigny par Bernard Wyder.

 

2003 | Exposition « Marguerite Burnat-Provins : de l’Art nouveau à l’art hallucinatoire » au Musée de l’Art Brut Lausanne et à la Fondation Neumann à Gingins.